Marc 10 17-27 l'espérance du chameau
Marc 10,17-27 l'espérance du chameau
La rencontre de Jésus avec le jeune homme riche
Prédication prononcée à la collégiale de Neuchâtel le 14 ocotbre 2018
Ça ne manque pas ! A chaque fois que je lis ce texte je passe par toutes sortes d’états d’âme !
De la fascination,au découragment en passant par l’apaisement pour entrevoir finalement l’espérance.
Il est si naturel en effet de s’identifier au jeune riche que la question vient spontanément : Y a-t-il une espérance pour le chameau de riche que je suis[1] ?
Pour répondre je vous invite alors à me suivre en suivant ce passage à travers les différentes courleurs des sentiments éprouvés
Au départ nous sommes pris par la fascination. Car il nous vient à l’esprit des chrétiens qui ont pris à la lettre l’appel à vendre tout ce qu’ils avaient. Peut-être revoyons vous Saint François ou Claire d’Assise, ou plus près de nous l’abbé Pierre : j’ai relu récemement un des ses livres les mémoires d’un croyant Et quand on réalise qu’il a enlevé ses propres chaussures pour les donné à un fuyard et que pour cela il marché pied nu à travers les alpes alors je ne peut être que fasciné. On admire ce désintéressement et peut-être se glisse-t-il même dans notre admiration un pointe d’envie. Cette exemplarité du partage radical est si belle et l’envie de nous débarrasser enfin de ce qui possèdons mais qui souvent aussi nous possède nous attitre Ne rêvons-nous pas tous de simplicité ? Qu’il serait bon de repartir dans la vie en étant léger débarassé de tout les biens qui nous protègent aussi sûrement qu’il nous encombre. Mais voilà que surgit déjà le deuxième sentiement le découragement. Car sans peine là aussi nous pouvons nous indentifier à ce que vit l’homme riche qui ne peut pas répondre à l’appel radical de Jésus et qui s’assombrit et s’en alla tout triste. Et l’on a beau retourné le texte dans tous les sens : les plus grands artifices de langages et les plus grandes subtilités ne peuvent éteindre cet appel de la vente des biens !. Il faut cepandant que le noter la vente de ses biens n’est pas un but en soi mais un moyen qui nous rapproche de notre prochain. En effet les commandements qui précèdent cité par Jésus concernent tous la relation avec le prochain
Mais Le découragement et la tristesse subiste quand nous lisons la suite du texte : « Il est plus facile à chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu ? »
Comment alors dépasser ce sentiment de tristesse et trouver une espérance pour ces chameaux de riches que je suis et que vous êtes peut-être ?
Peronne d’entre nous n’abandonne facilement une bonne place pour la céder à un autre. Et nous ne pouvons tout simplement pas suivre Jésus comme si nous étions hors réalité hors liens familiaux hors besoin hors aspriation hors confort. même Nous butons sur sur ce récit parce sa concrétisation nous sommes impossible.
Il vaut alors la peine d’approfondir cette histoire
Sans aucun doute Jésus demande quelque chose de très difficile voire d’impossible au jeune homme riche Mais je note aussi qu’il ne le fait pas sur le mode de l’accusation ni sur celui de la provocation et encore moins avec de la haine ni même sur celui de la loi. C’est même juste le contraire le sentiment exprimé par Jésus est un sentiement noble et beau. L’Evangéliste Marc écrit en effet : « Jésus le regarda et il se mit à l’aimer. ». Jésus ne fait pas de catégories générales il ne commence pas par classé où par juger mais il s’intéresse à la personne singulière. L’appel à vendre ses biens reste mais il s’adresse à une personne qui est appelée à prendre conscience tout individuellement de l’importance de la dynamique du royaume de Dieu. Mais Jésus va plus loin encore, puisqu’il va aider ses auditeurs à inverser leur regard sur cet homme riche et partant de là sur nous-mêmes En effet on pourrait s’attendre à une réponse du genre: toi tu as trop et les autres pas assez tu dois donc vendre ce que tu as pour le donner aux pauvres. Mais non ! Jésus va prononcer cette phrase surprenante incroyable aux oreilles d’un riche qui croit tout posséder :
Jésus regarde et se mit à aimer l’homme riche et il lui d’abord « Une seule chose te manque » Avant l’injonction à vendre et à partager il rappelle à celui qui était venu lui demander « Que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle » que l’homme riche à un manque Et cette acceptation du manque est le lieu de l’ouverture à Dieu et vers autrui. Le manque pour un riche joue donc un rôle bienfaisant.
Il te manque quelque chose oui et ce manque réside dans le fait que tu ne réalises pas que toute ta vie et la vie éternelle à laquelle tu aspires est un don. Pour mettre en pratique le chemin du dépouillement le jeune riche est appelé à s’ouvir aux chemins de la prise de conscience qu’il ne peut vivre en autracie et comme maître de lui-même disposant de tout.
Il te manque quelque chose dit-il à l’homme riche, tes richessses te caches et t’illusionnes. Tu crois par que par elle tu peux vivre sans les autres que tu n’as plus besoin ni de ton prochain ni des autres.
Et nous voici entrer dans le sentiment d’apaisement : nous ne sommes pas tout seul pour entrer dans la dynamique du Royaume.
L’histoire pourrai s’arrêter là : elle nous apprendrait que nous ne pouvons être heureux que dans l’acceptation de notre manque Elle nous conduit à réaliser que nous ne pouvons vivre une vie pleine et riche que si d’autres paragent avec nous leur vies elle aussi pleine et riche. Voilà une fin d’histoire logique mais aussi une fin un peu en demi-teinte. Tout cela pour ça ! Est-ce vraiment cela une espérance pour le chameau
Mais voilà que l’histoire rebondit une dernière fois
Et elle rebondit grâce à la réponse la plus théologique peut-être de tout le Nouveau Testament.
« Aux hommes c’est impossible mais à Dieu c’est possible ».
La voilà l’espérance du chameau. C’est Dieu qui passe par le chat de l’aiguille c’est lui qui se faufiles dans les interstices, dans nos failles nos manques, nos creux pour nous accompagner pour nous réveiller pour nous proposer une vie éternelle donc une vie en plénitude.
Jésus continue de penser à tous les chameaux que nous sommes riches et pauvres, Jésus continue de nous accompagner même dans nos blocages et nos limites, non pour les excuser ou les condamner mais pour nous aider à les dépasser.
Dieu continue de faire l’impossible quand bien nous nous disons que nous avons fait notre possible.
En quoi et comment le jeune homme riche peut-il être aidé ? Il est aidé par Jésus parce que Jésus lui dit la vérité mais dans l’amour Peut-être refuserai-je ces paroles ?
Mais peut-être aussi je serai saisi par l’espérance du chameau qui me fait perndre conscience tout à la fois de mon manque humain et de l’amour sans limite de Dieu. Je serai alors entraîné dans la dynamique du Royaume de Dieu et de sa justice.
Amen.
[1] Cette prédication est une adapation libre d’un beau texte de Robert Leuenberger, dont je reprends le titre « Die Hoffnung der Kamele », in Erwogenes und Gewagtes. Eine Sammlung seiner Aufsätze als Festgabe zum 70. Geburtstag heraugegeben von Friedhelm Grünewald, Zürich, TVZ ; 1986, p. 249-254.